Du 1er au 4ieme décembre, l’atelier « Mobilité, Mobilisation et Déplacement en Afrique de l’Ouest ‘post-esclavagiste' » a eu lieu à Bamako, Mali. Organisé par Lotte Pelckmans (EmiFo/ Université de Copenhague) et Paolo Gaibazzi (Université de Bayreuth) à travers le centre de recherche Point Sud, différents acteurs se sont réunis pour échanger et discuter les thèmes de la mobilité, de l’esclavage par ascendance et de ses répercussions dans différents pays et contextes. Plus spécifiquement, mais pas exclusivement, l’atelier s’est concentré sur le mouvement Ganbana et ses mobilisations dans différents pays d’Afrique de l’Ouest au cours des 5 dernières années.
Comme cet atelier devait avoir lieu l’année dernière mais a dû être reporté en raison de la pandémie de Covid, un atelier zoom était organisé en décembre 2020 pour commencer les échanges sur le sujet. Maintenant, un an après, il était heureusement permis et possible pour les chercheurs, activistes et journalistes de se réunir dans un cadre hybride. La plupart d’entre eux (environ 25 personnes) se réunissant même physiquement à Bamako.
Les trois premiers jours ont été composés de présentations suivies de sessions de questions-réponses et de discussions autour des thèmes : » Perspectives sur Ganbana « , » Crise, déplacement et exil » et « Mobilisations anti-esclavagistes « . Certains problèmes techniques survenus le premier jour ont pu être rapidement résolus, de sorte que les personnes en zoom ont pu également participer aux sessions. Les présentations ont souvent donné lieu à des échanges sur différentes expériences de recherche et de militantisme, qui se sont parfois transformés en discussions plus animées.
Entre et après les sessions, de délicieux repas ont été servis et grâce à l’excellente organisation d’Issa Fofana à Point Sud, des activités culturelles ont également été proposées. Un dîner a été accompagné de musique Kora et un après-midi a été passé au Musée national du Mali, suivi d’une promenade au coucher du soleil dans le Parc national.
Le dernier jour de l’atelier consistait des discussions de groupe sur la manière dont les connaissances générées et partagées pourraient être canalisées par l’atelier et son réseau et comment l’échange pourrait se poursuivre après la fin de l’atelier. Les participants ont conclu avec différentes recommandations et des facteurs clés qui doivent être pris en compte lors du traitement de l’esclavage par ascendance en Afrique de l’Ouest, entre autres :
- L’importance d’informer les médias avec des informations correctes et fiables.
- L’importance des moyens de communication au sein du mouvement Ganbana et la question de savoir comment renforcer la visibilité du mouvement ainsi que des victimes.
- L’importance d’une loi criminalisant l’esclavage par ascendance au Mali.
- L’importance des différents acteurs qui doivent être approchés et inclus de différentes manières lorsqu’il s’agit de campagnes de sensibilisation et d’information, de forums, etc., notamment l’Etat et ses représentants locaux, la société civile et les chefs religieux.
- Au lieu de faire des suppositions, par exemple sur le souhait de rentrer chez soi, écouter et inclure les victimes de pratiques d’esclavage et de discrimination fondées sur l’ascendance afin de découvrir les solutions qu’elles souhaitent voir pour elles-mêmes.
- L’importance de la réconciliation et de la réforme sociale, qui doit inclure des acteurs de tous les horizons de la société, y compris les acteurs pour et contre Ganbana, afin de construire une paix durable.
- Être critique et sensible à l’utilisation de la terminologie et du vocabulaire utilisés par tous les acteurs qui s’engagent dans ce sujet très sensible, afin de ne pas reléguer les personnes supposées d’origine esclave à la catégorie anachronique des esclaves.
- L’importance de s’éloigner d’un problème formulé comme exigeant une attitude pour ou contre. Il s’agit plutôt de s’engager dans cette « crise identitaire » dans une attitude de désescalade, non polarisante ni défensive, dans laquelle le dialogue, l’écoute et la médiation avec une attitude de résolution de problèmes sont essentiels.
Dans l’ensemble, l’atelier était un succès complet, suscitant de nouvelles discussions et élargissant le réseau entre les chercheurs, les activistes, les journalistes et les acteurs de la société civile travaillant sur des sujets liés à l’activisme anti-esclavagiste et au mouvement Ganbana.
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