Les membres de l’équipe de recherche SlaFMig – Lotte Pelckmans, Leah Durst-Lee et Nolwenn Marconnet – – ont récemment présenté à la conférence de l’AFRAB une communication sur la façon dont les militants anti-esclavagistes maliens locaux et diasporiques utilisent le système judiciaire pour lutter contre l’esclavage fondé sur l’ascendance.
Au Mali, contrairement à la Mauritanie et au Niger, il n’existe pas de loi criminalisant directement l’esclavage fondé sur l’ascendance. Par conséquent, au Mali, les juristes doivent recourir à des articles alternatifs du droit pénal pour aborder indirectement la discrimination à l’encontre des personnes ayant le statut d’esclave, tout en se situant dans une culture dans laquelle le pluralisme juridique reconnaît l’autorité des dispositions juridiques religieuses et constitutionnelles qui sont souvent contradictoires. De manière comparable à la Mauritanie et au Niger, seul un nombre relativement faible de procès intentés par des victimes de l’esclavage fondé sur l’ascendance contre leurs anciens maîtres ont abouti à des jugements favorables pour les victimes.
Dans leur recherche, Lotte, Leah et Nolwenn analysent la manière dont les activistes (tentent) d’offrir un recours aux victimes au sein et en dehors de leur mouvement. Pour ce faire, elles ont mené des entretiens avec des militants et des avocats maliens, vivant au Mali et dans la diaspora en France. En tant qu’équipe, ils ont pu utiliser plusieurs médias (emails et WhatsApp) pour contacter les informateurs et mener des enquêtes et des entretiens en français et en anglais.
L’idée de la recherche est venue de recherches et d’entretiens antérieurs où les militants anti-esclavagistes soulignaient leur travail en vue de trouver des solutions légales au problème de la discrimination et de l’exclusion liées à l’esclavage d’ascendance au Mali (Ouest). En effet, même si dans leur utilisation actuelle des tribunaux, personne n’est en mesure d’utiliser une loi bien définie criminalisant ce phénomène spécifique, même là, la pratique du recours à la loi est fermement utilisée par les militants, en particulier ceux du mouvement social anti-esclavagiste RMFP (Rassemblement Malien pour la Fraternité et le Progrès) slogan Gambana.
Leur recherche a conclu que les militants anti-esclavagistes utilisent les tribunaux pour lutter contre l’esclavage fondé sur l’ascendance pour quatre raisons principales : 1) le sentiment que » la force reste dans la loi « , 2) la création d’une culture juridique, 3) l’établissement des droits des victimes par le biais de précédents juridiques et 4) la portée internationale d’une approche juridique. Les informateurs ont situé leur choix et leur motivation pour la force des approches juridiques à certains précédents juridiques convaincants et aux succès remportés par d’autres mouvements anti-esclavagistes dans la sous-région (précédents avec Hadijatou Mani et menaces qui ont émané de l’adoption de lois pénales anti-esclavagistes au Niger et en Mauritanie). Même si l’utilisation des tribunaux peut avoir des limites, les militants et les victimes ne sont pas seulement motivés par un esprit de coût/bénéfice, mais selon un informateur, également par l’espoir d’être entendu un jour.
Leur article est en cours de publication en tant que chapitre d’un prochain livre de Marie Rodet et Bakary Camara.
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